GEORGES. - Geneviève, veux-tu venir jouer avec moi ? Papa m'a donné congé parce que j'ai très bien appris toutes mes leçons.
GENEVIÈVE. - Oui, je veux bien ; à quoi veux-tu jouer ?
GEORGES. - Allons dans le bois chercher des fraises.
GENEVIÈVE. - Alors je vais appeler ma bonne.
GEORGES. - Pourquoi cela ? Nous pouvons bien aller seuls, c'est si près.
GENEVIÈVE. - C'est que j'ai peur...
GEORGES. - De quoi as-tu peur ?
GENEVIÈVE. - J'ai peur que tu ne fasses des bêtises, tu en fais toujours quand nous sommes seuls.
GEORGES. - Je t'assure que je n'en ferai plus, ma petite Geneviève ; nous cueillerons tranquillement des fraises ; nous les mettrons sur des feuilles dans ton panier et nous les servirons à papa pour le dîner.
GENEVIÈVE. - Oui ! c'est très bien ! c'est une bonne idée que tu as là. Mon oncle aime beaucoup les fraises des bois ; il sera bien content.
GEORGES. - Partons vite alors ; ce sera long à cueillir.
Georges se précipita hors de la chambre, suivi par Geneviève ; tous deux coururent vers le petit bois qui était à cent pas du château. D'abord ils ne trouvèrent pas beaucoup de fraises ; mais, en avançant dans le bois, ils en trouvèrent une telle quantité, que leur panier fut bientôt plein. Enchantés de leur récolte, ils s'assirent sur la mousse pour couvrir de feuilles le panier ; après quoi Geneviève pensa qu'il était temps de rentrer. À peine avaient-ils fait quelques pas qu'ils entendirent la cloche sonner le premier coup du dîner.
« Déjà, dit Georges ; rentrons vite pour ne pas être en retard. »
GENEVIÈVE. - Je crains que nous ne soyons en retard tout de même, car nous sommes très loin. As-tu entendu comme la cloche sonnait dans le lointain ?
GEORGES. - Oui, oui. Pour arriver plus vite, allons à travers bois ; nous sommes trop loin par le chemin.
GENEVIÈVE. - Tu crois ? mais j'ai peur de déchirer ma robe dans les ronces et les épines. GEORGES. - Sois tranquille ; nous passerons dans les endroits clairs sur la mousse.