1.
Ô Souverain auteur de la terre et des cieux,
Duquel la sapience on voit par tout reluire,
Tu sais combien (hélas) je souhaite et désire
Célébrer ton saint nom tant digne et précieux :
Principalement lors que j'ai devant les yeux
Ton immense bonté, que j'adore et admire :
Laquelle nous voulant en union réduire,
A repoussé l'erreur le plus pernicieux :
Mais oserai-je bien sans éloquence et grâce,
Décrire par mes vers cet oeuvre qui surpasse
Les forces et les nerfs de mon entendement ?
Oui certes, mon Dieu: car je suis assurée,
Que ta sainte bonté grande et immesurée,
Ne demande sinon que le coeur seulement.
2.
Or pour mieux commencer cette heureuse entreprise,
Je veux premièrement invoquer en ce lieu
Pour ma sainte Clio, la grâce de mon Dieu,
Qui seule rend la voix diserte et bien apprise.
Divine Muse donc, que tant j'honore et prise,
Guide de ses miens vers, la fin, et le milieu,
Et le principe aussi, me faisant dire A-Dieu
A tout ce qui pourrait détourner mon emprise,
Chasse bien loin de moi l'ignorance et la crainte,
Que par elles ne soit abolie et éteinte
L'affection que j'ai de mon dire avancer.
Ha Muse j'aperçois l'effet de ton adresse :
Car je sens un désir et une hardiesse
Qui m'augmente le coeur : je vais donc commencer.