Au doux berceau ma vois t'appelle.
Viens, mon amour !
Car pour l'enfant la nuit est belle
Comme le jour.
Rayons, bouquets, chaque merveille
Du jour qui fuit,
Sous ses rideaux, quand il sommeille,
Passe et reluit.
L'oiseau mignon qui se réveille
Au bord du toit,
Les fruits pendant de la corbeille,
Il les revoit.
Le ciel est bleu, le sable rose,
Le blé vermeil.
Il fait si beau que toute chose
Brille au soleil.
Au doux berceau ma voix t'appelle.
Viens mon amour !
Car pour l'enfant la nuit est belle
Comme le jour.
Il voit couler sous la fougère
Un frais ruisseau ;
Son onde est pure ; il n'est sur terre
Rien de plus beau.
Sa grande soeur est sous l'ombrage,
Assise au bord.
Elle sourit, car il est sage,
L'enfant qui dort.
Soudain s'envole une hirondelle
D'un arbre en fleur ;
Parfois il peut toucher son aile
Sans qu'elle ait peur.
Au doux berceau ma voix t'appelle.
Viens mon amour !
Car pour l'enfant la nuit est belle
Comme le jour.
Mais si la Reine qui protège
L'enfant pieux,
Descend vers lui dans son cortège
Mystérieux ;
Et si la Vierge, sous son voile,
Lève un moment
Ses yeux plus beaux que n'est l'étoile
Au firmament ;
Ou si son front brillant de flamme
Et de rubis,
En s'inclinant, met dans son âme
Un paradis ;
Pour cet enfant doux et fidèle,
Ô mon amour !
Alors vraiment la nuit est belle
Plus que le jour !
(Enfants et mères.)