Jeanne - George SAND

Notice.

Jeanne est le premier roman que j'aie composé pour le mode de publication en feuilletons. Ce mode exige un art particulier que je n'ai pas essayé d'acquérir, ne m'y sentant pas propre. C'était en 1844, lorsque le vieux Constitutionnel se rajeunit en passant au grand format. Alexandre Dumas et Eugène Sue possédaient dès lors, au plus haut point, l'art de finir un chapitre sur une péripétie intéressante, qui devait tenir sans cesse le lecteur en haleine, dans l'attente de la curiosité ou de l'inquiétude. Tel n'était pas le talent de Balzac, tel est encore moins le mien. Balzac, esprit plus analytique, moi, caractère plus lent et plus rêveur, nous ne pouvions lutter d'invention et d'imagination contre cette fécondité d'événements et ces complications d'intrigues. Nous en avons souvent parlé ensemble ; nous n'avons pas voulu l'essayer, non par dédain du genre et du talent d'autrui ; Balzac était trop fort, moi trop amoureux de mes aises intellectuelles pour dénigrer les autres ; car le dénigrement, c'est l'envie, et on dit que cela rend fort malheureux. Nous n'avons pas voulu l'essayer, par la certitude que nous sentions en nous de n'y pas réussir et d'avoir à y sacrifier, des résultats de travail qui ont aussi leur valeur, moins brillante, mais allant au même but.

Ce but, le but du roman, c'est de peindre l'homme, et, qu'on le prenne dans un milieu ou dans l'autre, aux prises avec ses idées ou avec ses passions, en lutte contre un monde intérieur qui l'agite, ou contre un monde extérieur qui le secoue, c'est toujours l'homme en proie à toutes les émotions et à toutes les chances de la vie.

Jeanne est une première tentative qui m'a conduit à faire plus tard la Mare au Diable, le Champi et la Petite Fadette. La vierge d'Holbein m'avait toujours frappé comme un type mystérieux où je ne pouvais voir qu'une fille des champs rêveuse, sévère et simple : la candeur infinie de l'âme, par conséquent un sentiment profond dans une méditation vague, où les idées ne se formulent point.

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Jeanne - George SAND

  TABLE DES MATIERES

Notice.
Prologue.
Chapitre 1 : La ville gauloise.
Chapitre 2 : Le cimetière.
Chapitre 3 : La maison de la morte.
Chapitre 4 : L'orage.
Chapitre 5 : L'érudition du curé de campagne.
Chapitre 6 : Le feu du ciel.
Chapitre 7 : La pierre d'Ep-Nell.
Chapitre 8 : La lavandière.
Chapitre 9 : Adieu au village.
Chapitre 10 : Les projets de mariage.
Chapitre 11 : Le poisson d'avril.
Chapitre 12 : Un gentleman excentrique.
Chapitre 13 : Le frère et la soeur.
Chapitre 14 : Sir Arthur.
Chapitre 15 : Nuit blanche.
Chapitre 16 : La Velléda du mont Barlot.
Chapitre 17 : La Grande-Pastoure.
Chapitre 18 : La fenaison.
Chapitre 19 : Amour de jeune homme.
Chapitre 20 : Adieu à la ville.
Chapitre 21 : Le mirage.
Chapitre 22 : La tour de Montbrat.
Chapitre 23 : Le vagabond.
Chapitre 24 : Malheur.
Chapitre 25 : Conclusion.


{Editions altifagiennes}