Adriani - George SAND

A Madame Albert Bignon.

Quand je commence un livre, j'ai besoin de chercher la sanction de la pensée qui me le dicte, dans un coeur ami, non en l'importunant de mon projet, mais en pensant à lui et en contemplant, pour ainsi dire, l'âme que je sais la mieux disposée à entrer dans mon sentiment.

Vous qui avez exprimé sur la scène tant de fortes et touchantes nuances de la passion, vous n'êtes pas seulement à mes yeux une artiste célèbre, vous êtes, comme femme de coeur et de mérite, le meilleur juge des sentiments élevés et chaleureux que je voudrais savoir peindre.

C'est donc à vous que je songe comme au lecteur le plus capable d'apprécier la sincérité de mon essai, et d'y porter l'encouragement d'une foi semblable à la mienne. Quand vous lirez ce roman, quand il sera écrit, il est bien certain que l'exécution ne me satisfera pas, et que, comme d'habitude, je n'aurai pas réalisé la conception qui m'apparaît vive et riante au début. C'est pourquoi je veux vous en dédier l'intention, qui en fera probablement toute la valeur.

Cette intention, la voici. Si je m'en éloigne, j'aurai mal rempli mon but.

L'amour est l'intarissable thème qui a servi, qui servira toujours, je crois, aux créations du roman et du théâtre. Pourquoi s'épuiserait-il ? Il y a autant de manières de comprendre et de sentir l'amour qu'il y a de types humains sur la terre. L'amour du poète, l'amour du savant, l'amour du pauvre et celui du riche, celui de l'homme cultivé et celui de l'ignorant, l'amour sensuel et l'amour idéaliste, tous les amours de ce monde enfin ont chacun sa théorie ou sa fatalité.

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Adriani - George SAND

  TABLE DES MATIERES

A Madame Albert Bignon.
Chapitre 1.
Chapitre 2.
Chapitre 3.
Chapitre 4.
Chapitre 5.
Chapitre 6.
Chapitre 7.
Chapitre 8.
Chapitre 9.
Chapitre 10.
Chapitre 11.
Chapitre 12.
Chapitre 13.
Chapitre 14.
Chapitre 15.
Chapitre 16.
Conclusion.


{Editions altifagiennes}