Confidences poétiques - Adèle ESQUIROS

Adieu mes jeux d'enfant, mes douces rêveries.

Adieu mes jeux d'enfant, mes douces rêveries,
Mon sommeil dans les bois, mes fleurs dans les prairies
Adieu ma liberté. La classe aux grands murs gris,
Les longs pupitres noirs, les poudreux manuscrits,
Voilà mon horizon. Dans ma tristesse amère,
Je lis pour m'égayer... mais c'est une grammaire.
Au livre le plus beau, je viens de dire adieu :
Ce livre était les champs, le livre du bon Dieu.
Pauvre enfant, j'oubliai qu'il est bien temps de vivre,
Qu'on vit dans le travail, et non pas dans un livre.
Il me faut pas à pas parcourir, sans tomber,
L'étude, âpre chemin qu'on voudrait enjamber.
La nuit, il faut coucher dans un dortoir morose,
Et, les yeux grands ouverts, avoir la bouche close;
Le matin grignoter un pain dur et petit
Qu'on peut assaisonner de son gros appétit.
Ah ! voilà des malheurs ! Quand donc serai-je grande,
Quand n'aurai-je plus rien qui gronde et qui commande ?
Mais j'y pense; mon Dieu ! pour comble de souci,
Si tout mon noir chagrin allait grandir aussi !

***


Confidences poétiques - Adèle ESQUIROS

  TABLE DES MATIERES

Adieu mes jeux d'enfant, mes douces rêveries.
Dansez, dansez, ô jeunes filles !
Amitié sincère.
Chaque jour, je traînais mon tourment solitaire.
Espièglerie.
Dans ce monde méchant, je n'ai bu que du fiel.
Pareille au papillon sous les roses nouvelles.
C'était dans un salon meublé tout à l'antique.
Oh ! ma mère, je souffre ! Hier, j'étais au bal ;
Fronsac avait les pieds baignés dans la rivière
Elle avait le front pâle et le regard étrange.
Ma jeunesse a passé comme une ombre éphémère.
Le trépas sur mon coeur a mis sa main glacée.
Le soir, quand je suis seule, en rentrant en moi-même.
Plus on vieillit, et plus l'avenir devient sombre
Quand le ciel est brumeux, j'aime à me souvenir.
Je ne sais ce que j'ai : je soupire, je pleure.
Une fièvre brûlante a coulé dans mes veines.


{Editions altifagiennes}